L’homme

Il aimait les choses simples d’où cet amour pour Les Brouix (près de Gigaro Côte d’Azure) et du Pin (lac de Paladru) et d’autres lieux.

J’ai trouvé dans ses écrits ceci :

J’ai aimé cette maison de pierres de mes amis les Bernardin dans la Drôme, un paysage sans apprêt, tout simple, je souhaiterais vivre là.

Pour la propriété du Pin, il en parle ainsi: « mon séjour au Pin est une halte bienfaisante… l’apaisement… du balcon du chalet, je vois le pres s’étendre à mes pieds. L’ombre portée des arbres mange petit à petit la nappe d’un vert jaune illuminé de soleil. Un bouquet de bouleaux dressé en panache masque la barre scintillante du lac sur laquelle glissent les ergots blancs des voiles. Une lumière sereine illumine la rive en face dans le soleil couchant. Je savoure ces heures, les dernières – il y a quelques mois, dans la débacle de l’âme, je pensais que de telles heures ne pouraient à nouveau être vécues. La campagne est sereine, dans l’air, une odeur chaude et rustique d’herbes froisées au soleil et de vaches au pres »

Bien qu’élevé dans un mileu bourgeois industriel, il aura toujours aimé la simplicité. C’est pourquoi il eut beaucoup de plaisir a passer des vacances au Brouix , coin sauvage de la Côte d’Azure. C’était une maison sans eau courante. Il fallait aller la chercher avec des brots au bassin sous un énorme figuier. L’eau pompée était glacée mais nous nous lavions ainsi. La construction, c’était un vrai mas provençal. Que des pièces rajoutées au fils du temps et des besoin et pour aller dans chacune d’elles il fallait sortir. Suite à un passage au Brouix, il écrit ceci: « c’était merveilleux, plaisir presque angoissant, on le savourait avec la crainte sourde et latente que cela ne se reproduirait pas. Chaque année, c’était une découverte malgré des souvenirs parfois oréolés. Odeur des eucalyptus, le sentier dans les pins débouchant sur une plage dorée, la crique moirée comme l’intérieur d’une coquille. Tout cela n’avait rien perdu de sa vivante splendeur ». Nous en avons des souvenirs impérisables et très forts.

A propos de sa maison à la Ciotat il dira « cette maison est pour la parade, d’autres sont vraies dans leur simplicité, faites pour ceux qui l’habitent, faites de ceux qui l’habitent ». Toujours cette quête de la simplicité avec cette ambivalence de son éducation issue de la bourgeoisie aisée car il l’avait bien voulu ce pied à terre dans le sud.

Il avait dessiné en 1960 les plans d’une maison qu’il voulait construire quand ils étaient dans l’Isère. Très moderne, épurée, aucune référence au passé, à la région, très avant-gardiste. Le projet n’a jamais abouti, le terrain fut préempté par l’Etat pour une sortie d’auto-route.

Sa dernière demeure correspndait plus a son éthique. Ce n’était pas quelques tableaux mais une maison de maître.

Il y vécut 2 ans et demi, continua un peu à peindre mais la maladie de Parkison le diminua beaucoup dans son travail.

Avec son petit-fils, nous avons eu l’occasion de répertorier ses tableaux et sculptures pour en faire un petit fascicule encore inachevé à ce jour. Ce travail nous a réuni et l’on voyait qu’il éprouvait du plaisir. Plaisir de cette reconnaissance car il ne peignait plus.

Texte de Catherine Experton, 4eme enfant de Michele et Maurice