Regard d’une de ses filles

Dans quelle ambiance aimait-il peindre dans les année 50-60?

En famille, dans sa maison « La Terrasse » à Rives-sur-Fures au deuxième étage, dans un atelier. C’était aussi la salle de musique puisqu’un piano y était installé. Sa femme Michèle aimait jouer du piano puis ce furent leur deux filles, Béatrice et Nicole qui se mirent au piano. La fenêtre de l’atelier donnait sur le jardin et au lointain voyait-on la grande Chartreuse.

Tous les soirs, s’ils ne sortaient pas, Michèle et Maurice rencontraient leurs nombreux amis qui leur sont restés fidèles. Maurice montait dans son atelier a la fin du repas. Nicole et moi, les deux dernières, allions lui dire bonsoir comme un rituel. Dans le coin de cette pièce se tenait un grand lit un peu fatigué. Nous regardions notre père peindre en nous amusant à sauter sans interruption sur ce matelas défoncé. Notre père imperturbable peignait avec minutie car sa peinture n’engendre pas de grands gestes, d’envolés, mais une construction méthodique, architecturale. Nos cris, notre vivacité et notre côté enfants diables, espiègles lui plaisaient et nous nous donnions à cœur joie à ce trampoline improvisé.

Il se faisait appeler « Pipe » et non « Papa » sans doute car l’aîné avait commencé a l’appeler ainsi. Il aimait cette décontraction. Il n’était pas formaliste bien que certains principes bourgeois se manifestaient de temps a autre.